Lire le chapitre 1 – Lire le chapitre 2 – Lire le chapitre 3
Après avoir perdu ses deux enfants, Dame Bellissante erra, accompagnée de son fidèle écuyer Blandimain. Elle demeurait en proie au plus grand des chagrins. Elle arriva finalement au Portugal où elle trouva refuge au château du géant Ferragus. Et vingt ans s’écoulèrent.
Lorsque pour la première fois elle émit le désir de faire connaître à son frère la trahison par laquelle son destin avait été bouleversé, Blandimain parti sans attendre vers la France. C’est habillé en pèlerin qu’il trouva audience auprès du roi Pépin. Il raconta les infâmes machinations dont elle avait été victime à Constantinople et ajouta que le Géant Ferragus se portait garant de cette histoire, qu’il était prêt à combattre jusqu’à la mort pour gagner l’absolution de Dame Bellissante.
Au même moment, le Vert Chevalier arrivait à la cour de France, comme il l’avait promis à Valentin. Entendant ce qu’il s’y passait, il demanda audience sans attendre. Le roi l’écouta demander pardon pour ses crimes en Aquitaine. Puis, le Vert Chevalier ajouta : « laissez-moi également vous dire que mon oncle le géant Ferragus a pour nièce un oracle et qu’il est impossible qu’il se trompe sur l’innocence de Bellissante ».
À ces mots Pépin pleura de soulagement, offrit le pardon au Vert Chevalier et demanda à Blandimain d’autres nouvelles de sa sœur et de son enfant, puisqu’il savait qu’elle avait été enceinte. L’écuyer lui narra alors la triste histoire des jumeaux perdus, l’un emporté par une ourse et le second disparu dans la forêt. « — Quelle tragédie… Quand est-ce que cela est arrivé ? demanda le roi — Sire, cela se produit le jour même où nous nous sommes croisés dans la forêt d’Orléans, il y a vingt ans ».
Le roi ne tarda pas à faire le lien : ce bébé trouvé sous l’arbre et élevé ici sous le nom de Valentin, cet homme-ours qu’il dompta et garda près de lui… Orson. « Alors, ils sont mes neveux ». Blandimain et lui pleurèrent de joie. Ils décidèrent d’aller à Constantinople pour démasquer les traîtres et faire connaître la vérité à l’Empereur Alexandre. Le Vert Chevalier prêta son bras au roi, voulant combattre ceux qui avaient fait du tort à son maître.
En Espagne, Valentin et Orson arrivèrent au pied du château d’Esclarmonde dont la forteresse était bien gardée. Valentin demanda à Orson de brandir le blason du Vert Chevalier qu’il avait décroché de l’arbre. La porte s’ouvrit.
Ils furent accueillis dans une salle de réception gigantesque au bout de laquelle se tenait Esclarmonde dans une robe de soie blanche et or. Elle sourit « je vous attendais, dites-moi votre nom chevalier ». Valentin parla du duel avec le Vert Chevalier et des consignes pour rencontrer l’oracle afin de connaître la lignée d’Orson puisqu’il devait être fils de roi. Esclarmonde lui dit « tu viens aussi pour toi, suis-moi pour que l’oracle parle ».
Elle les emmena jusqu’à sa chambre où elle leur demanda de formuler leur question à un buste en étain posé au centre de la pièce. Valentin s’approcha et supplia de connaître son histoire.
Le buste d’étain s’anima et s’exprima ainsi : « Tu es Valentin, courageux et juste. Tu es le libérateur d’Esclarmonde. Tu es le fils de l’Empereur de Grèce et de Bellissante, la sœur du roi Pépin, qui fût chassée à tort de ses terres. Elle est au Portugal gardée dans le château du géant Ferragus. Celui qui t’accompagne est ton frère, Bellissante vous donna naissance dans la forêt d’Orléans dans la plus douloureuse détresse. À l’instant même où elle vous mit sur la terre, une ourse s’empara de ton compagnon et l’éleva sans qu’il connaisse le confort et l’amour. Toi, tu fus trouvé par Pépin qui, sans te connaître, t’éleva comme un fils. Alors, je te dis que ton frère ne parlera pas tant que tu ne lui couperas pas le filet qu’il a sous la langue. Et c’est aujourd’hui que s’achève mon destin, car après toi je ne parlerai plus et à nulle créature jamais je ne donnerai de réponses. »
Sur ces longues paroles, le buste d’étain se tut. Valentin et Orson tombèrent dans les bras l’un de l’autre en pleurant, gémissant et grognant. Esclarmonde les remercia de l’avoir libérée, car elle pouvait désormais quitter le château où elle avait dû attendre si longtemps que le buste d’étain réalise son destin.
Le prochain chapitre nous montrera comment Pépin fit entendre la vérité à l’Empereur de Grèce et ce qu’il arriva à Valentin et Orson au Portugal.