Tiré de notre propre expérience, parlons du rôle de notre douce moitié dans la salle d’accouchement. J’avais toujours imaginé que le jour où je mettrais un enfant au monde, mon sentiment d’injustice envers les lois de la nature qui ont fait piocher les pires cartes aux femmes, allait m’obliger à « haïr » un peu mon chéri. Je pensais que j’allais accoucher pendant que lui subirait mes reproches jusqu’à ce que bébé soit dans nos bras et que papa redevienne mon partenaire adoré grâce à qui le miracle se produit. J’avais tort ! J’ai découvert que cet accouchement nous l’avons entièrement vécu ensemble, un vrai travail d’équipe. Nous avons réussi à traverser cette incroyable journée (23 h quand même) à deux.
Nos discussions préliminaires
Dès que nous avons su que nous allions avoir un bébé, nous avons beaucoup parlé de nos futurs rôles, de l’accouchement, d’éducation, de nos attentes et de nos inquiétudes. Ces discussions nous ont permis de nous mettre à l’aise sur certains points comme son droit de quitter la pièce s’il se sentait inconfortable à n’importe quel stade de l’accouchement. Nous sommes (très vite) tombés d’accord sur le fait qu’à aucun moment il ne regarderait en bas ! Puis, nous avons décidé qu’il choisirait sur le moment s’il souhaitait couper le cordon ou non.
L’autre partie importante de nos conversations concernaient nos rôles pendant le travail en salle d’accouchement. Il n’avait pas envie d’être spectateur, craignait le sentiment d’impuissance face à une situation assez impressionnante et voulait se rendre utile sans savoir comment faire. Alors nous avons mené nos recherches !
Futur papa veille au confort
Sa tâche principale dans la phase de latence était de veiller à notre confort. Nous avions prévu des petites lingettes rafraîchissantes et nettoyantes, nos tablettes pour regarder des séries, nos oreillers, mes chaussons, de quoi se désinfecter les mains… Il avait tout sous la main pour pallier mon incapacité à bouger puisque j’étais sans arrêt branchée pour écouter le cœur de bébé.
Sa mission secrète secondaire était de toujours veiller à mon intégrité physique, c’est-à-dire de discrètement s’assurer que je ne dévoile pas inutilement des parties de mon corps qu’il n’était pas nécessaire de mettre à nu.
Puis, le rôle important du début à la fin était de vérifier que les actions médicales posées sur moi sont cohérentes vis-à-vis de nos attentes et de me soutenir si j’avais un désaccord ou un problème avec une situation.
Futur papa est là quand ça fait mal
Parce que je souhaitais rester mobile le plus longtemps possible pour faire descendre naturellement bébé, j’ai retardé la péridurale autant que j’ai pu (tenu 15 h !) Ma condition de diabète de grossesse m’obligeait à être branchée pour « monitorer » en permanence le cœur de bébé, mais j’avais réussi à négocier 15 minutes par-ci par-là pour marcher un peu. Futur papa m’accompagnait et me soutenait dans ces petits moments de mobilité.
Il avait aussi vu une ostéopathe et acupunctrice qui lui avaient enseigné des massages et montré les endroits où appuyer pour soulager la douleur lors des contractions difficiles. En réalité, il s’agit de points légèrement douloureux. En faisant mal ailleurs, le cerveau est leurré, car il doit analyser deux messages en même temps ce qui a pour effet de diminuer la force de ces deux messages !
Futur papa pendant la naissance du bébé
Le moment le plus impressionnant arrivait ! Étant donné que j’avais demandé la péridurale très tardivement et que je réclamais des « bonus » dès je sentais une mouche se poser sur mes jambes, j’étais complètement gelée des pieds à la poitrine ! Si bien, qu’il fallait deux personnes pour porter mes jambes. J’avais donc mon infirmière d’un côté et le papa de l’autre. Là, son rôle était essentiel ! Il fallait :
- Soutenir et féliciter
C’est un réconfort de sentir que nos efforts sont reconnus, c’est aussi un soulagement de sentir qu’on a près de nous quelqu’un qui se battra pour notre bien-être. Les mots sont importants. Attention toutefois à ne pas monopoliser la parole et rester très à l’écoute des consignes des infirmières pour être prêt(e) à réagir.
- Être très à l’écoute de tout ce qui se passe autour
Il faut comprendre les directives des infirmières pour nous les retranscrire avec tendresse au besoin et être autant impliqué dans les consignes à suivre que la conjointe en train d’accoucher. Il faut être à l’écoute de la maman et du corps médical qui s’agite autour. Un fois bébé posé sur la poitrine de sa mère, les infirmières donnent des informations importantes au sujet du corps de la maman (exemple : vous avez déchiré à 3, vous aurez telle médication à telle dose…) Là, nous sommes deux sous le choc d’avoir un bébé sur nous ! Notre attention n’est pas optimale, donc écoutons ensemble les directives pour s’assurer de ne pas échapper d’informations.
- Se rappeler des consignes qu’on s’est données en couple
Il faut aussi écouter pour protéger les volontés que nous avons décidé ensemble « elle ne veut pas d’épisiotomie, est-ce vraiment indispensable ? » Il ne faut pas hésiter à préciser qu’on ne souhaite pas voir ce qui se passe en bas, pour ne pas être pris par surprise par une infirmière qui nous attrape le bras en disant « regarde ça y est, on voit la tête ».
Chacun son histoire
Ces éléments font référence à notre histoire personnelle, à nos décisions de couple et à la manière dont les évènements se sont déroulés pour nous. Ils sont là pour rassurer ceux ou celles qui craignent d’être impuissant(e)s en salle d’accouchement. Mais aussi pour vous inviter à aborder les vraies questions ensemble, en vue de ce grand jour. Puis enfin, pour s’autoriser à vivre cette incroyable aventure à notre façon intime et personnelle, avec nos espoirs, nos limites, nos désirs et nos peurs.
Avant de vivre cette journée incroyable, je parlais de MON accouchement, mais depuis ce jour, je ne pourrais pas dire autre chose que « nous ». Ce jour-là, nous étions deux à mettre au monde ce bébé qui soudain nous a fait réaliser que nous étions trois.