Une maman de mon quartier a récemment lancé un groupe qui propose de réunir les enfants à l’extérieur pour jouer… à rien ! Hein, quoi !?! Beau temps, mauvais temps, elle nous invite à nous rejoindre dans un parc sans emmener quelques objets de jeu que ce soit, juste laisser les enfants créer, imaginer, choisir et se salir. Après un moment de gêne, ils commencent à interagir pour tranquillement fabriquer un nouveau monde. Tout ce qui les entoure devient autre chose. Un bâton devient une canne de sorcier. La neige se transforme en sables mouvants. Nous changeons d’époque et de saison.
Le souvenir de 2 arbres
Je choisis volontairement la période des fêtes pour parler de ce concept qui nous échappe à ce moment de l’année : l’imagination, ça ne s’achète pas et ça n’a pas de prix ! Quand j’étais petite avec mon amie Christelle, à Nice, nos mères nous emmenaient au parc. Il y avait ces 2 arbres dont je me rappelle si bien. Avec un peu de magie, ils devenaient nos maisons, chaque branche était une pièce à vivre qu’on décorait à notre goût avec des feuilles et des bâtons. Je pense que Christelle ne me contredira pas si je dis que c’est probablement les plus belles maisons que nous avons habitées de nos vies (il y avait une quinzaine de branches, ça fait 15 pièces, c’était gigantesque !) Bon, j’y suis retournée il y a quelques années, les arbres sont toujours là et je le confesse, mes souvenirs étaient un peu exagérés, ce sont deux arbrisseaux…
Le pouvoir magique de l’enfant
Je n’ai jamais rien possédé de plus beau, de plus merveilleux et de plus mémorable que ce que mon imagination m’avait apporté. L’enfant a ce don incroyable de changer la fonction d’un objet, de le détourner pour lui donner un sens qu’il est allé puiser dans ses références (sans avoir peur d’enfreindre les lois de la physique). En transformant l’objet, les enfants s’aventurent hors des règles établies, des enjeux de pouvoirs et des rôles prédéfinis. Dans un précédent article, je parlais de la façon dont les jouets fabriquent les catégories de genre : « la douceur maternelle » pour les filles et « le courage des forts » pour les garçons. Ces objets manufacturés sont conçus dans des moules de normes sociales, ils sont pensés pour occuper une fonction définie.
Bien sûr, on a tous en tête ces jouets de notre enfance qui nous ont marqués. J’espère que mon petit Arthur trouvera « son Ted » (mon nounours d’enfance que j’ai encore, on a vécu tellement d’aventures lui et moi !), mais aussi qu’il transformera notre petit jardin en jungle, en site archéologique, en jardin suspendu de Babylone ou en ce que son imagination voudra.