L’enfant qui bloque le chemin

Dernièrement, une personne avisée dénonçait sur un groupe Facebook de mon quartier qu’un commerçant obligeait les élèves du secondaire du coin à faire la file dehors en plein hiver, pour acheter leur lunch. Le marchand avait fait appel à une entreprise privée pour faire respecter la ligne et imposer une limite maximum du nombre d’élèves dans le magasin. 

Citoyens de seconde zone?

Je n’entrerais pas dans un débat ici consistant à dire que l’entrepreneur risque la faillite, qu’il est épuisé ou que les étudiants n’ont pas beaucoup de temps pour manger et qu’il faisait -25 °C ce jour-là. Mais cette histoire m’a fait réaliser qu’on traite avec trop de facilité, les jeunes, les enfants, comme des citoyens de seconde zone (je dirais même dans mon exemple ci-dessus : comme des clients à rabais). On leur refuse le droit d’être traités avec égalité et respect. J’ai réalisé que dans un geste simple, je le faisais aussi dans mon rôle de maman. Quel geste ? 

L’enfant qui bloque le chemin

Arthur marche depuis 2 mois ! Grosse étape ! Et avec cette liberté, il refuse la poussette afin d’explorer et mettre son nouveau talent à l’épreuve. Bien sûr dans les magasins il se retrouve presque toujours au milieu de l’allée et s’arrête là, bloquant les passants. J’ai eu plusieurs fois le réflexe de le décaler en lui prenant le bras pour lui dire « Arthur tu bloques tout le monde » et je m’excuse auprès des gens… 

Un être social en apprentissage

L’histoire des élèves du secondaire et du commerçant m’a fait réaliser qu’en faisant ça, je n’offrais pas le traitement aimable et patient que je donnerais à n’importe quel autre individu. Pourtant, l’enfant mérite une considération égale sinon encore plus tolérante et bienveillante, car il est en apprentissage pour savoir se comporter en société. Il apprendra à regarder autour de lui, à tenir compte des autres, à réagir plus rapidement, à se décaler, à s’excuser ou encore à dire une bonne blague en passant.  

Et les passants sourient

Maintenant, lorsque ça arrive, je me mets près de lui, à son niveau et je lui dis calmement : « regarde mon chéri, il y a des gens qui veulent passer » et je l’invite à se déplacer, sans le bousculer, ni le forcer à bouger. Lui, il se retourne pour voir les gens, il leur fait coucou avec enthousiasme et il part ! Les passants sourient, ils ne sont pas agacés, ils sont même généralement amusés. 

Ça prend tout un village…

On dit que ça prend tout un village pour élever un enfant. Parfois, quand mon petit se plante au milieu du magasin, je me rappelle qu’il n’y a pas que ses parents, que ses enseignants, que ses amis qui jouent un rôle dans son apprentissage social, il y a aussi les passants qui attendent et qui comprennent, il y a ceux qui lancent un doux « pardon petit bonhomme » en sachant qu’il faudra du temps à 16 mois pour que le cerveau finisse d’analyser la situation. Il y a tout ça pour créer un futur adulte social, qui respecte, qui tolère, qui agit avec générosité et altruisme. 

N’oublions pas que l’enfant qui bloque le chemin a autant le droit que n’importe qui d’occuper et de partager cet espace.

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